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Conscience sur le règne animal

Réensemençons l’élevage

 

Au nom de votre Sacrifice.

 

J’ai remercié l’univers quand dans l’herbe humide du matin, j’ai vu ta mère te couver du regard comme  un précieux trésor. Aux premières paroles que je lui ai adressées, la petite tache rousse de ta silhouette tapie contre elle a bougé.

            Quand ton regard a croisé le mien, ton nom m’est venu. Je t’ai dit : tu t’appelleras Népal.  Regardes ton frère là-bas, lui c’est Nuage.

        J’ai veillé à ton bien être pendant plus de 3 ans. D’abord auprès de ta mère, je lui ai fourni  eau, herbe, foin, ombre, parmi les siens pour qu’elle t’allaite avec bonheur.

Puis je t’ai aidé à grandir en prenant son relai. En douceur, avec tes frères et sœurs, tu as appris à t’éloigner d’elle et tu as pris goût à ma brosse. Tu as appris ton nom. Ensemble vous avez formé un groupe, votre propre entité.

J’ai veillé sur vous tous.

Vous êtes dans mes pensées, dans mon cœur. Je vous porte sur mes épaules en permanence.

Puis un jour, tu es arrivé au bout de ta mission. Dans le calme, tu es monté dans ce camion avec l’un des tiens, de bonne heure le matin. Le soir avant, je vous ai bénis. J’ai demandé que les êtres élémentaires vous préservent de la peur jusqu’au bout. Puis je vous ai accompagnés dans ce lieu si décrié où j’essaie par petites touches de faire évoluer les choses.

Jusqu’au bout je suis restée à vos côtés.

Et quand le bruit du matador vous a fait tomber, j’ai visualisé le souffle de votre vie qui rejoignait l’énergie de l’âme groupe de votre espèce, pour revenir plus tard alimenter le souffle de vie des hommes que vous allez nourrir. Puis, une autre pensée m’est arrivée : qu’adviendra t-il de moi, lorsque le souffle de la vie me quittera à mon tour, aurais-je votre dignité ?

 Certains pensent que l’on pourrait faire mieux.

Que l’on vous vole votre mort dans ce lieu où il n’existe aucun rite et où ne vous donne pas le droit d’offrir vous-même votre vie pour nous.

Mais comme vous, nous cheminons.

La productivité qui s’est imposée dans nos élevages sans que nous y prenions garde, nous a fait oublier bien des étapes.

Avec Marie-Christine, j’ai appris à reconnaître certains de vos messages dans les attitudes que vous me montrez.

Avec Nayla, j’ai appris à ne pas vous affecter par mes émotions, surtout en ce dernier jour.

Mais je sais que j’ai encore beaucoup à faire pour que votre sacrifice soit reconnu de tous.

C’est pour cela que j’ai accepté de participer aux réflexions de ce groupe. Pour qu’il vous soit permis de réaliser votre tâche dans de meilleures conditions.

Mais nous sommes ainsi faits :

 Notre nature humaine est dominée par notre mental. Nos lois ne vous permettent plus de vous exprimer dignement et le chemin sera sans doute encore long pour que s’élargisse notre conscience

dans nos champs,

dans nos abattoirs,

dans nos assiettes.

Alors je fais ce que je peux pour que vous soyez respectés dans ces 3 endroits :

Dans mes champs, jour après jour, je vous observe. Je vous admire pour les efforts que vous faites pour me montrer la voix. Je remercie la vie de pouvoir grandir à vos côtés.

Dans cet abattoir, j’ai bravé certains interdits, pour pouvoir rester à vos côtés.

Je leur ai montré votre calme.

Je leur ai parlé de la biodynamie et j’ai obtenu pour ta sœur, le privilège d’une nouvelle tâche.

Certains commencent à vous saluer à votre arrivée.

Votre dignité les interpelle.

 Pas tous bien sûr, mais il me semble qu’une première impulsion ait été donnée.

Je  forme le vœu qu’un jour, Mozart vous accompagne au bout de votre mission, pour couvrir ces bruits métalliques et ces voix bien trop fortes.

Je tenterai…

Je leur parlerai de Temple Grandin d’abord.

Un  nouveau visage était là ,à notre arrivée, j’ai senti l’écoute plus attentive.

 Un jour en dehors de ces murs, je lui conterai l’histoire des bisons de Devon Strong.

Cela cheminera en lui.

Quand à nous, nous allons réfléchir pour travailler avec tous les maillons de la chaîne de votre vie.

Que votre entité de ruminants paisibles et dociles nous accompagne.

En attendant, de mon côté, je tente de faire prendre conscience à ceux que vous allez nourrir, qu’avant cette viande juteuse et tendre qui arrive dans leur assiette, il y a un sacrifice.

Votre sacrifice,

Votre viande est précieuse.

Alors, on ne gaspille pas, on mange tous les morceaux, avec parcimonie, on accepte le prix, et on remercie l’espèce bovine d’avoir la possibilité de bien se nourrir.

Au nom de votre tâche accomplie,

malgré tous nos manquements, que nous avons le devoir de reconnaître dès aujourd’hui, pour pouvoir y remédier au plus vite.

 

Ressenti du 07 octobre 2020 au matin, en sortant de l’abattoir.

 

                                                                                                                                              Christiane

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